Le Caucus des parlementaires béninois pour l’élimination du paludisme : « un jalon stratégique vers la souveraineté sanitaire »
Le Bénin franchit une nouvelle étape majeure dans la lutte contre le paludisme. Le 23 juin 2025, députés, membres du gouvernement, partenaires techniques et organisations de la société civile ont procédé au lancement officiel du Caucus des parlementaires béninois pour l’élimination du paludisme, une structure politique inédite destinée à renforcer le plaidoyer, la mobilisation des ressources domestiques et la redevabilité dans la lutte contre une maladie qui demeure l’un des principaux défis de santé publique du pays. À l’issue des travaux, les parlementaires ont adopté leur règlement intérieur ainsi qu’un plan d’action triennal 2025–2028, scellant l’opérationnalisation du Caucus.

Ce lancement, salué par l’ensemble des partenaires nationaux et internationaux, s’inscrit dans un contexte où le Bénin a multiplié les avancées : introduction du vaccin antipaludique, augmentation significative du budget national consacré à la lutte contre le paludisme, création du Fonds « Zéro Palu » en 2023, intensification des campagnes de chimio-prévention saisonnière et distribution de moustiquaires imprégnées. Selon les données partagées par les partenaires, l’incidence du paludisme est passée de 21 % en 2022 à 13 % en 2024, une baisse remarquable qui confirme l’impact des investissements effectués.
Pour Fara Ndiaye, Directrice exécutive de Speak Up Africa, la mise en place du Caucus parlementaire constitue « un jalon stratégique vers la souveraineté sanitaire du Bénin ». Elle a rappelé que, malgré les avancées enregistrées, l’Afrique concentre encore 95 % des décès mondiaux liés au paludisme. Elle a insisté sur l’importance de l’engagement politique, affirmant que « le leadership parlementaire peut transformer des engagements en actes, des budgets en résultats et des discours en changements tangibles ». Elle a également souligné la nécessité de renforcer le financement domestique, de structurer la coopération intersectorielle et d’impliquer davantage les collectivités locales.
Le Représentant de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) au Bénin, Dr Kouamé Jean Konan, a qualifié le lancement du Caucus d’ « avancée stratégique majeure ». Il a souligné le rôle irremplaçable des députés dans le plaidoyer pour des ressources nationales durables, le contrôle parlementaire de l’utilisation des fonds, et la mobilisation des communautés, indispensables pour garantir l’efficacité des interventions. Il a rappelé que les récentes avancées du Bénin démontrent que « le paludisme n’est pas invincible » et qu’ « un Bénin sans paludisme est possible ». Il a réaffirmé l’engagement total de l’OMS à accompagner le Parlement dans la formation, l’analyse budgétaire et la coordination multisectorielle.

Le Ministre de la Santé, Prof. Benjamin Hounkpatin, a pour sa part rappelé la gravité persistante de la maladie. Selon le rapport mondial 2024 de l’OMS, 263 millions de cas et 590 000 décès ont été enregistrés dans le monde, dont 95 % en Afrique. Au Bénin, les conséquences restent lourdes : retards scolaires, absentéisme professionnel, pertes économiques et décès évitables liés aux retards de prise en charge. Il a salué la création du Caucus comme « une articulation essentielle entre gouvernance politique et action sanitaire ».

Au nom du Président de l’Assemblée nationale, le premier vice-président Barthélémy Kassa a clôturé la cérémonie en soulignant l’importance historique de cette initiative. « En adoptant aujourd’hui le plan triennal 2025-2028, nous posons les fondations d’un Caucus dynamique, capable de porter haut la voix des populations dans ce combat », a-t-il déclaré, invitant les députés à faire du paludisme « un combat parlementaire permanent ».
Le Caucus, désormais opérationnel, s’est fixé plusieurs priorités : plaidoyer budgétaire, mobilisation du secteur privé, renforcement de la gouvernance locale, redevabilité, et accélération de l’accès aux innovations, notamment vaccinales. Les parlementaires se sont engagés à suivre de près la mise en œuvre des politiques nationales, à favoriser le financement domestique et à soutenir la dynamique communautaire indispensable à l’élimination du paludisme.
Avec ce lancement, le Bénin se positionne comme l’un des pays de la sous-région ayant institutionnalisé la lutte contre le paludisme au cœur de son processus législatif. Le défi désormais consiste à transformer cette volonté politique en résultats concrets et durables pour les populations.